Cause violence conjugale : tout d’abord un cycle et une répétition
Chaque histoire est différente, mais les mécanismes sont les mêmes. La violence au sein d’un couple est un phénomène de domination du plus fort sur le plus faible. Même si statistiquement les hommes violents sont plus nombreux que les femmes, ce phénomène n’est pas l’apanage des hommes.
Comment se déroule-t-elle ? Comment y répondre ?
C’est quoi la violence conjugale ?
Elle peut prendre d’autres formes que les coups qui ne se voient pas. Elle peut prendre la forme d’agression sexuelle, et ce, même au sein du couple : marié ou pas, pacsé ou en union libre, tout rapport sexuel demande un consentement du partenaire.
La notion de devoir conjugal est révolue : si vous ne voulez pas avoir de rapport et que votre conjoint vous y contraint, il s’agit d’une violence conjugale.
De même, elle peut revêtir des aspects plus complexes quand la violence est psychologique : des phrases humiliantes sur votre attitude ou la manière de vous habiller, en public ou en privé, au chantage affectif, en passant par une interdiction de travailler ou une privation de revenu, un contrôle des dépenses, vous pouvez vivre dans une prison dorée… sans même que l’entourage ne s’en rende compte.
Mais jour après jour, vous perdez confiance en vous et perdez toute estime de vous.
Si vous êtes dans ce type de situation, il faut agir et vous dire que vous n’êtes malheureusement pas obligée d’avoir des bleus pour être victime de violences conjugales.
Le cycle des violences conjugales en quatre étapes :
Quatre phases forment le scénario classique :
- La phase de tension et d’irritabilité : le malaise est perceptible, la tension monte, les reproches fusent mais la violence n’éclate pas encore.
- La phase d’agression : la colère éclate et peut prendre différentes formes (bousculade, coups, insultes, violence sexuelle, humiliations…). Cette phase crée un soulagement chez l’agresseur et la peur chez l’agressé(e), qui ne réagit pas et se fait « toute petite ».
- La phase d’inversion de culpabilité : l’agresseur s’excuse, explique son comportement en évoquant les attitudes de l’agressé(e) et sa propre histoire.
- La phase de réconciliation dite de « lune de miel » : l’agresseur adopte une attitude agréable et fait preuve de gestes tendres.
Ce cycle crée une addiction : l’homme se rend compte que sa violence est finalement source de soulagement. Comme il n’y a pas de conséquences majeures, il se sent mieux et la femme, elle, pour revenir à la phase de « lune de miel », accepte de passer par les trois phases précédentes.
Le propre de ce type de processus est l’emprise exercée sur la personne agressée, qui finit par se dire que c’est son choix si elle accepte de vivre comme cela.
Une autre forme de violence : la violence psychologique
Il n’y a pas que ce cycle, il existe aussi une violence perverse, essentiellement psychologique, qui se produit de façon constante et insidieuse et qui est basée sur le dénigrement, le contrôle, l’isolement et la menace. Le processus, dans ce cas, s’articule autour de différents comportements :
- attaques à l’identité (humiliations, frustrations),
- isolement (de sa famille, ses amis),
- contrôle et jalousie (aggravés par les nouvelles technologies),
- pressions (« tu iras te coucher quand tu auras dit… »),
- intimidations (jouer avec un couteau, conduire dangereusement…), chantage au suicide
- et, toujours, inversion de la culpabilité. C’est la victime qui finit pas se sentir responsable.
Les violences conjugales, ça peut arriver à tout le monde
Elles touchent toutes les femmes, quelle que soit leur classe sociale, des plus aisées aux plus démunies.
Ne plus avoir honte d’être victime
Quand une femme subit des violences, elle peut facilement culpabiliser et se dire qu’elle devrait s’affirmer plus, sans y parvenir ou tout simplement partir. Mais ce n’est pas si simple. L’agresseur a souvent de l’emprise sur la femme et sait la remettre en question et la détruire à petit feu afin qu’elle ne puisse pas s’enfuir.
Dépendance financière ou affective, les raisons qui vous empêchent de partir peuvent être nombreuses. Retenez une seule chose : ce n’est pas de votre faute.
Trouver la force de partir…
Là est le problème central si vous subissez des violences.
Partir n’est pas toujours simple, surtout si vous avez des enfants. Vous confiez à un professionnel, à votre entourage, des amies de confiance, la famille ou même les voisins, est essentiel afin d’avoir du soutien.
Bien sûr, les ressources financières peuvent être un énorme frein à la prise de décision. Mais vous trouverez des interlocuteurs qui vous aideront à agir et à vous mettre en sécurité.
Partir avant la naissance de l’enfant : une urgence
La grossesse est une période particulièrement délicate.
Subir des violences peut mettre votre vie en jeu, mais aussi celle de l’enfant que vous portez, et entraîner de graves conséquences (petit poids ou une naissance prématurée et pire encore).
Il est urgent de vous mettre en sécurité ainsi que votre futur bébé avant la naissance pour que celle-ci se passe dans les meilleures conditions possibles mais surtout pour que vous puissiez poursuivre votre grossesse sereinement.
Que faire lorsque l’on est victime de violence conjugale ?
Dans un premier temps, partir est la solution la plus sûre.
Afin de vous mettre à l’abri et ne pas craindre d’être accusée d’abandon du domicile conjugal (si vous êtes mariée ou avez déjà des enfants), prévenez les divers interlocuteurs : police, assistante sociale, médecin pour parler et mettre en place une procédure et des démarches pour vous protéger.
Aides sociales, logement d’urgence, vous pourrez bénéficier d’un soutien aussi bien psychologique que matériel.
Après ou avant un dépôt de plainte, une procédure d’urgence pourra être mise en place en cas de situation extrême.
- Si vous le pouvez, préparez votre départ.
- Rendez-vous au poste de police ou à la gendarmerie pour déposer une main courante et être protégée de tout reproche d’abandon de domicile
- Demandez un certificat de constatation auprès d’un médecin ou aux urgences, que vous soyez maltraitée physiquement ou psychologiquement
- Parlez-en à votre entourage : tout témoignage sera utile pour une poursuite judiciaire.
Des solutions pour sortir des violences conjugales
Consulter un conseiller conjugal peut vous aider à prendre du recul et à y voir plus clair. Les effets thérapeutiques sont souvent efficaces car les femmes s’aperçoivent des mécanismes, des ressentis … et deviennent progressivement plus lucides.
A travers l’estime et le respect que le thérapeute leur porte, elles finissent par se respecter elles-mêmes.
Et à tenir la distance avec leur mari violent. Le thérapeute met le focus sur ce qui est en train de se passer. Il leur redonne confiance en elles et rompt l’isolement social, la honte et la culpabilité.
Quels sont les prédicteurs de violence ?
L’auteur de violences est un malade et doit être soigné.
La violence résulte de l’adéquation entre divers facteurs de risque. Parmi eux, avoir été victime ou témoin de violence paternelle-maternelle est le plus déterminant.
Cette surexposition à diverses formes de violence a pour effet de stimuler le développement de relations amoureuses marquées par un attachement anxieux et des stratégies de contrôle.
Les auteurs sont très vulnérables au rejet, à l’abandon et à l’humiliation. Ils adhèrent à une conception rigide des rôles et des rapports hommes-femmes comme rempart à cette dépendance excessive.
Ils se sentent justifiés de recourir à la violence pour assurer et maintenir leur pouvoir.
Les conjoints violents érigent un système de contrôle et de domination intégrant différentes formes de conduites d’agression afin de se protéger des besoins de dépendance infantile et de la rage qui s’accroît lorsque leurs besoins ne sont pas comblés.
C’est comme mère que la femme fait défaut à l’homme criminel : elle s’absente, et par là réactive sans doute des expériences de catastrophe psychique très archaïques…
Tous les cogneurs se ressemblent-ils ?
Les facteurs principaux favorisant ou entraînant les violences conjugales :
- Des facteurs sociaux
- Un vécu infantile et adolescent spécifique
- Une certaine configuration du couple
- Des traits de personnalité particuliers
- A cela s’ajouteraient l’alcool, et un contexte culturel marqué par le modèle familial patriarcal.
La majorité des auteurs présente souvent un profil fortement teinté d’immaturité et d’égocentrisme.
Les techniques de groupe sont à privilégier car elles facilitent une diminution des défenses et une meilleure prise de conscience.
Pour certains, la violence apparaît au quotidien souvent sous la forme de l’emprise et des manifestations tant paranoïaques que mégalomaniaques.
L’emprise est la caractéristique essentielle du comportement des auteurs de violences conjugales : sa victime qui subit, sans pouvoir se défendre, est concomitamment cible…, coupable sans faute, martyr et supplicié, tourmenté, opprimé et assujetti, et enfin sidéré ; … est brisé, anéanti, annihilé… Il devient « proie ».
Ainsi les auteurs présentent majoritairement une immaturité, une dépendance et des défaillances sur le plan narcissique, avec la présence d’un vécu infantile événements traumatiques de séparation et de violences.
Certains présentent un profil psychopathologique marqué par des structures paranoïaques, mégalomaniaques.
Peut-on prévenir les violences conjugales ? Comment s’en sortir ?
La souffrance est un très puissant levier dans les facteurs qui conduisent à la violence.
D’autant que cette souffrance ne peut être élaborée par l’auteur car incompréhensible, injuste ou arbitraire et qu’elle se répète. Il ne s’agit pas de considérer l’auteur de violence comme une victime qui n’aurait d’autre choix que de recourir à la violence pour se défendre des agressions qu’il subit ou qu’il a subi.
Non il s’agit de montrer qu’il est des raisons qui conduisent à la violence et sans excuser ou justifier les actes commis, sont à prendre en considération.
Ces auteurs n’ont pas conscience de la signification de leurs actes et en particulier de leur répétition. Même si la question du sens réel de ces actes leur reste obscure, elle ne les dégage pas d’un devoir de remise en cause et de l’obligation de rendre des comptes à la société du point de vue de la loi et de la conscience morale.
Les mécanismes de la violence sont multiples et dépendant de nombreux facteurs tels que les caractéristiques individuelles qui conduisent tel individu dans un contexte social à prendre la « décision : l’ensemble des processus conscients et inconscients » de recourir ou non à la violence.
Alors de qui parle-t-on lorsque nous parlons des auteurs de violence conjugale ?
La présence d’éléments psychopathologiques est une systématique. L’atteinte du psychisme peut ne se révéler que dans des contextes précis et touchant plus particulièrement la sphère affective.
Les relations amoureuses se prêtent ainsi particulièrement bien à leur émergence, notamment lorsque ces relations perdurent. La dimension narcissique où se joue la problématique de l’amour et de l’estime de soi en est un autre domaine de prédilection.
De « l’avoir tort ou raison » au « c’est comme ça qu’il faut faire ou penser » en passant par « tu n’es qu’une bonne à rien et je suis le meilleur », tous les prétextes conduisent d’une manière ou d’une autre à la mise en avant d’une revendication narcissique qui masque dans la plupart des cas d’intenses sentiments de dévalorisation.
Un autre domaine sensible et fortement lié au précédent, concerne le lien amoureux où l’autre est bien souvent pensé comme une projection de soi idéalisée ou dévalorisée : « Je hais de toi ce qui est semblable à moi… ».
A quoi s’ajoute des attentes infantiles où se rejouent sans cesse des craintes d’abandon et de rejet que viennent dissimuler des sentiments de jalousie.
Ces derniers servent également à la possessivité et au besoin d’emprise qui exprime l’atteinte identitaire et le besoin de contrôler (pour s’assurer de la satisfaction de ses besoins affectifs et pour s’assurer de sa capacité à agir sur les autres et l’extérieur).
Ces traits représentent la surface visible d’un ensemble d’éléments intérieurs provenant d’un vécu intériorisé.
L’auteur utilise ces schémas du passé chaque fois qu’il rencontre une situation qui, par analogie, lui rappelle ces premiers éléments à partir desquels il s’est construit.
Ainsi l’auteur est en permanence sous tension et le conduit à recourir à divers mécanismes défensifs pour ne plus éprouver de souffrance. Ainsi cette tension produit souvent une irritabilité constante, propice au déclenchement de réactions impulsives et de conduites en rapport avec cette construction pathologique de la personnalité.
Les traits et mécanismes des auteurs de violence conjugale sont assez communs mais peuvent varier dans leur intensité. Ainsi une simple critique de leur compagne peut déclencher une violence comme réponse.
Ce qui caractérise les auteurs de violences physiques c’est le débordement émotionnel qu’ils ne peuvent endiguer par faillite des structures de contrôle ou par l’excès d’intensité du courant émotionnel.
Cette difficulté est rencontrée chez toutes ces personnes au niveau du contrôle des émotions ou des impulsions. L’intensité des émotions ou des impulsions ressenties provoque une tendance à la paralysie du système de pensée ou à son « emballement » entraînant un sentiment de confusion, de perte du sens et de contrôle de la pensée.
On ne trouve plus les mots, non pas parce que l’on ne sait pas communiquer, non pas parce que l’on n’a pas les mots pour le dire mais bien parce que l’appareil de pensée ne peut plus penser normalement.
Quelques témoignages d’auteurs de violences conjugales :
« Lorsqu’elle m’a dit ça, c’est comme si une aiguille m’était rentrée dans le cœur », « c’est comme si elle m’avait donné un coup de poignard ». On notera la traduction physique des sentiments éprouvés et la violence des images décrites.
La perte de contrôle s’exprime par des expressions comme: « j’ai pété un plomb », « je ne savais plus ce que je faisais », « elle m’a poussé à bout » Tout se passe comme si l’intégrité psychique de la personne était menacée, comme si la victime, c’était lui.
Parfois il peut d’abord avoir été victime des violences de sa compagne, mais la disproportion entre les actes posés ne saurait trouver leur justification dans une seule fonction défensive.
En fait les seules opérations mentales réalisables correspondent à celles qui seraient normalement utilisées dans une logique de survie. La seule réponse possible à ce qui a été perçue comme une violence sera de faire cesser la menace au plus vite.
Que ce soit le sentiment d’exploser ou celui de devenir fou, ou quand la douleur devient trop forte, cela devient insupportable en soi. Ce qui se joue alors est une sorte de : « c’est elle ou moi » ou « il faut qu’elle se taise », « je ne peux plus l’entendre »…qui vont conduire au passage à l’acte.
La réalité subjective de l’auteur prend le pas sur la réalité objective. Dans la réalité subjective de l’auteur les mots deviennent des armes (des poignards, des aiguilles…), les haussements de ton des hurlements ou des critiques, cela renvoie à d’anciennes relations où les choses furent déjà éprouvées sur le même mode.
Ces relations concernent l’enfance bafouée le plus habituellement par des conduites parentales. Une réalité subjective qui s’appuie sur un monde intérieur où règne l’utilisation de mécanismes défensifs qui aboutit à travestir la réalité.
L’auteur reprend alors le contrôle de soi en prenant le contrôle de l’autre, ce que permet généralement le recours à la violence.
Une jouissance peut être retirée à exercer ce contrôle du côté du narcissisme (installation d’un sentiment de toute-puissance) et du sadisme.
Pour l’auteur, l’autre lui devient insupportable. Même si rien de concret ne semble avoir provoqué ces violences, celles-ci traduisent une volonté manifeste et première de domination et d’emprise sur l’autre.
Ces violences se jouent sur le plan psychologique et détruisent les personnes qui en sont victimes.
Lorsque l’emprise et la domination sont au premier plan, le traitement s’avère plus difficile car les processus mentaux sont très difficiles ou impossible à modifier.
Les comportements des auteurs sont en accord avec leur personnalité profonde et la déconstruction de ce type d’attitude se heurte à de très fortes résistances. Les conjoints victimes ont encore plus besoin d’aides et de protections.
En conclusion
La prévention des violences conjugales et familiales doit rester une priorité nationale et elle peut se réaliser dès le plus jeune âge au sein des établissements scolaires par exemple. Mais c’est en direction des auteurs eux-mêmes que l’accent doit être mis en place notamment sur la généralisation de l’accompagnement.
J’accompagne aujourd’hui de nombreux couples, des femmes victimes et des hommes auteurs de violences conjugales. Le soin permet l’évitement de la récidive.
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